La vie SDF au Luxembourg

Politique sociale - État et communes: Les offices sociaux.


Principe de base: Plus qu'on profite, plus qu'on a de droits!


Injuste et discriminatoire: Donner aux uns, refuser aux autres
«Eux [les immigrés], ils reçoivent tout, nous, on nous envoie d'une assistante sociale à l'autre, mais personne ne nous aide!» Une phrase, que j'ai entendu une fois dans la rue. Ce qui est le plus triste là-dedans, c'est qu'elle n'était pas prononcée par l'un de nous, mais par un lycéen de peut-être 14 ans. À peine sortie de l'enfance et déjà se rendre compte qu'au Luxembourg moderne, il y a deux sortes d'êtres humains: ceux qui ont des droits dans la vie pratique et ceux qui ne les ont que sur le papier. Ceux qui viennent ici font partie du premier groupe, sans aucun doute; il suffit de les voir sortir des centres de la Croix-Rouge, traînant des sacs que même à 3, ils ont des difficultés à transporter. Mais, le problème de fonctionnement de notre système social, qui pour moi personnellement est toute autre chose que justice sociale, en fait ne constituant autre chose qu'un mélange de discrimination et de non-respect, bénéficiant aux profiteurs et sanctionnant les gens honnêtes, n'a pas vraiment quelque chose à faire avec l'immigration; c'est plutôt une vue erronée, illogique et malsaine de ce qu'ils appellent aider les gens.
Mes premières expériences avec les services sociaux communaux remontent du temps où, après avoir démissionné au Centre Informatique et étant peu à peu arrivé à la conclusion que toutes ces années, que j'avais travaillé au Grand-duché, n'étaient rien d'autre que ma jeunesse jetée, je cherchais à organiser ma vie en marge de la société, sans pour autant vouloir profiter des gens honnêtes, Mais, j'ai très vite compris que ces jeunes assistantes sociales, avec toutes les études qu'elles avaient faites, n'avaient jamais appris à écouter les gens, à voir avec eux ce qu'eux-mêmes jugeaient importants, mais faisaient leur job en appliquant un certain nombre de schémas prédéfinis, définissant elles, ce que serait aider le client. Et, en général, cela signifie de simplement dire: «Cherche à avoir le RMG», même aller aussi loin de suggérer de trouver un médecin qui "inventerait" une maladie, s'il n'y en a pas et si cela s'avérait nécessaire. C'est vrai, j'avais et j'ai droit au RMG (bien que d'après ce que j'ai vécu durant ma vie de SDF, j'ai constaté que des gens, qui ont passé leur jeunesse à travailler, à la différence avec ceux, qui n'ont jamais rien fait de constructif, ne le touchent que durant quelques mois et puis, soit ils recommencent à travailler, soit le perdent), Mais, je pense aussi, d'avoir le droit de ne pas le vouloir. Et, d'après ma vue de la vie et des êtres humains, cela ne peut et ne doit pas être une raison d'alors refuser toute aide.
Je me rappelle être passé une fois à l'office social à Luxembourg-ville, le temps où j'étais déjà dans la rue. L'assistante me demandait mon adresse et comme je n'en avais pas, m'a dit d'aller au Foyer Ulysse. Même si je l'avais voulu, cela n'aurait pas été possible. Alors elle a haussé les épaules et l'entrevue était terminée pour elle. Cette liaison entre adresse et aide de base me semble une caractéristique du Luxembourg. Chez nos voisins, il ne faut pas avoir un toit sur la tête pour faire partie des citoyens: En France, un sans-abri peut s'inscrire à la commune, dans laquelle il squatte la majeure partie de l'année; en Allemagne, les gens vivant dans la rue ont droit à un soutien financier de base régulier. «Comme tu refuses le RMG, tu n'a pas le droit...», l'assistante m'a dit. Je pense que même si je vis 100 ans, je n'arriverai jamais à comprendre un tel raisonnement.
  • Refuser l'accès aux épiceries et aux vestiaires de la Croix-Rouge à des gens qui n'ont rien, pour la seule raison qu'ils ne veulent pas d'aide financière de l'État, est dans mes yeux, inacceptable et indigne d'un pays civilisé, d'autant plus que ces services sont utilisés par plein de gens qui ont un logement payé par l'État, parfois même y viennent en voiture.
  • Quel est le sens de dépenser des milliers d'euros d'impôts, si le demandeur d'aide se contenterait de 50€ pour pouvoir acheter les bouquins de grammaire pour réaliser un cours de luxembourgeois en ligne?
  • Donner à ceux, qui vivent du RMG et refuser à ceux, qui ne veulent pas vivre sur le dos de la société, qu'est-ce autre chose fonctionner selon le principe: "Plus qu'en profite, plus on a de droits?" Qu'est-ce autre chose que récompenser les paresseux et les profiteurs et sanctionner ceux qui essaient d'être honnêtes?
  • Est-ce qu'une telle politique ne doit pas forcément avoir pour conséquence que de plus en plus de jeunes ne commencent jamais à faire un travail honnête, que ceux qui travaillent y perdent de plus en plus le goût et ne font plus que le stricte nécessaire, que les vieilles gens se sentent de plus en plus traités comme des idiots? Est-ce qu'il faut vraiment s'étonner que de plus en plus d'adolescents se bourrent de toute sorte de stupéfiants, que, comme l'a écrit l'Essentiel, l'alcool et la drogue au travail constituent un vrai problème au Luxembourg, que les retraités deviennent de plus en plus mécontents, amers et souvent plein de haine contre tout et tout le monde?
  • Quand l'assistante m'a dit que si je ne prenais pas le RMG, je n'aurais pas non plus droit à des vêtements ou de la bouffe, j'ai pensé à tous ceux qui, après avoir travaillé toute leur vie, doivent vivre avec ces petites pensions de 800€. Ils ont le droit à avoir la différence par rapport au RMG de l'office social (si je ne me trompe). Mais, pour ces gens, vivre de l'aide sociale, est considéré comme une honte. Un mot, qui pour cette génération, qui est née quand le Luxembourg était au sommet de sa richesse et de qualité de vie, ne connaissent pas, mais pour ceux, qui ont reconstruit le pays après la 2e guerre mondiale, a une vraie et importante signification. Par conséquent, ils font comme moi et refusent l'aide financière de l'État. Et s'il arrive quelque chose d'imprévu dans leur vie, s'ils ont juste besoin d'un petit rien d'aide temporaire, l'assistante de leur dire: «Si tu es trop fier, trop têtu ou trop stupide pour demander le RMG, cela ne vaut pas la peine de venir ici!» Difficile de ne pas vomir...
  • Cette bande de jeunes, arabes en premier lieu, ayant pris nos places chez la Caritas, qui, d'après ce qu'ils disent eux-même, sont venus en Europe pour faire de l'argent (dans la majorité des cas cela se traduit par vendre la drogue ou des appareils électroniques volés) n'ont aucune gêne de demander, de profiter, en plus se mettent à râler et menacer s'ils ne reçoivent pas. Cette conception incompréhensible et irresponsable d'aide sociale, telle qu'elle est appliquée actuellement, ne fait que profiter à ces gens. Est-ce vraiment exagéré de dire: «Parasites et criminels du monde entier, venez au Luxembourg. Notre système social se fera un plaisir de financer votre vie, jour après jour, année après année...»?
Je n'ai pas regardé sur quel article de quelle loi ils se sont basés pour refuser ma demande pour un soutien pour mes livres. Des lois et des articles, il y en a pleins. Ils en trouveront toujours un pour donner tout ce qu'ils demandent à ceux, à qui ils ont choisi de donner, tout comme ils en trouveront toujours un pour tout refuser aux autres! Enfin, pas tout. Il y a 2 ans, j'ai eu 20€ pour payer des frais administratifs, mais là encore, comme le règlement interdit de donner de l'argent dans la main du client, je l'ai eu seulement parce que l'assistante a décidé de me donner les sous de sa poche pour se faire rembourser par l'office social par après. J'ai aussi eu, deux années de suite, une carte d'accès gratuit au transport public, normalement pas prévu, quand on vit dans la rue. Je pourrais m'imaginer que leur décision, dans ce cas, a été influencée par le fait que j'ai fait la demande par l'intermédiaire de Streetwork.
Si les institutions sociales prétendent aider tous les gens, mais décident de ne pas aider certains d'entre eux, est-ce que ce serait tellement faux de dire, qu'il y a des gens dans ce pays, qui ne sont pas considérés comme des êtes humains? Et, si l'on considère que s'il en est ainsi au Luxembourg mais pas dans les autres pays d'Europe de l'Ouest, est-ce qu'il ne faudrait pas se poser de sérieuses questions? Mais, ce qui m'inquiète le plus, c'est que ce n'était pas toujours comme ça: Dans le temps, il y avait le Service de Proximité de la Croix-Rouge. Non seulement, l'aide qu'ils proposaient, était une aide ponctuelle et réelle et non pas quelque chose d'imposé par le service social, mais aussi, c'était ouvert à tous, donc indépendamment du fait d'avoir un logement ou non. Une aide vraiment de base, 250€ par an, de temps en temps un bon d'accès au vestiaire, des boites d'aliments (qu'ils ont reçu de l'armée d'ailleurs). Il y avait aussi monsieur Schaus, à la "Stëmm vun der Strooss", avec le petit coffre-fort derrière son bureau, où justement ceux, qui ne gueulaient pas "Donne-moi!" du matin au soir, pouvaient aller, quand ils avaient vraiment besoin de quelque chose. Des logements pour des millier de réfugiés, de nouveaux foyers, dont 80% des clients sont des non-résidents (qui nous disent à nous que notre place serait dehors), des services de luxe offerts par des institutions comme la Stëmm - et plein d'articles de lois, qu'ils prennent comme prétexte de refuser à ceux, de qui ils savent qu'ils se laissent faire et de qui personne ne prendra la défense, les bases minimales qui, dans de nombreux cas, pourraient faire la différence entre vivre en dignité et crever comme du bétail dans la rue...
allu, juin 2019