Expériences et réflexions.
Ils n'arriveront jamais à assassiner le Père Noël! Parler de la signification profonde de Noël dans un pays, où l'argent devient de plus en plus la seule chose importante dans la vie des gens, qui perdent de plus en plus tous les sentiments humains et où cette fête, qui autrefois était un symbole de paix et de recueillement, n'est plus guère autre chose qu'un événement commercial et un prétexte de se bourrer de bonne bouffe et de vin chaud, est plutôt irréaliste et naïf. Personnellement, je ne crois pas à Dieu, mais je n'ai jamais arrêté à croire à cette illusion de Noël, où les gens devraient oublier leurs différences, se rappeler que tous les Hommes sont égaux et qu'avoir de la compassion pour les autres et partager avec ceux, qui ont moins, est la base de ce qui constitue ce que nous appelons humanité. En 2021, il est devenu difficile de ne pas perdre cette croyance, car, si les journaux prétendent que le marché de Noël serait revenu dans nos villes, ils se trompent: Les stands des forains encerclés par une clôture, une demi-douzaine d'agents de sécurité, qui gardent les entrées. Triage des gens, selon qu'ils peuvent ou non présenter une pièce, qui certifie, qu'ils font partie de ceux, qui ont des droits. Inimaginable, il y a juste une ou deux années! Inquiétant et effrayant de voir ce soit-disant marché de Noël, dont une partie de la population, pour la seule raison qu'il pourrait s'agir de malades, est exclue!
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Il faudrait leur serrer une pelle et une brosse dans les mains! Vivant sans TV ni radio et pas sorti de chez moi à cause de la pluie le jour précédent, j'étais tout surpris de voir que la rue du Pont avait été transformée en une rivière, progressant sans arrêt vers le croisement avec la rue de la Montagne. Quand j'y suis passé vers 10h, la route était barrée, mais les voitures arrivaient encore partiellement à passer. Moins d'une heure après, ce monstre sans forme définie, avide de s'étendre, d'occuper tout espace, où il y a moyen de s'y introduire, et qui détruit tout ce qu'il rencontre sur son chemin, avait tellement gagné en hauteur, que la rue était devenue entièrement inaccessible. Ni à pieds, ni en voiture, pas possible d'entrer dans la zone concernée et, beaucoup plus grave, pas possible d'en sortir. Le monstre avait aussi considérablement augmenté en longueur et en largeur, atteignant la pharmacie au coin de la place du Marché. Combien cette force sans limites, qu'est l'eau, peut monter en un rien de temps, je l'ai vu un peu plus tard, jetant un coup d’œil de mon squat, vers les ruelles et places plus bas: Une voiture, submergée jusqu'au toi. Si peut-être, avant, je n'avais pas encore compris l'ampleur de la catastrophe, maintenant je savais que pour plein de gens, les jours à venir ne seraient autre chose que de la misère et encore de la misère.
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Est-ce que les sans-abri doivent se méfier de ceux qui disent vouloir les aider? Quand je suis venu ici, il y a quatre ans et demi, j'étais émerveillé. Dans cette petite ville à l'est du pays, tout semblait être le contraire de la capitale, que j'avais fuie. Les gens avaient l'air tout gentils, semblaient pouvoir accepter des marginaux comme moi, avoir des sentiments humains, comme c'était le cas autrefois. Tout le monde semblait se parler, les jeunes semblaient polis et sans toute cette agressivité, que j'avais vécue à Luxembourg-ville et les portugais ne semblaient rien avoir en commun avec ces criards, se promenant en BMW, la musique mis à fond, qu'on rencontre à d'autres endroits. Il y avait cette boulangerie, où je recevais chaque jour un grand café pour le prix d'un petit et où je chargeais mon laptop et en mars 2018, j'ai publié cet article, qui laisserait croire, qu'ici la compassion, la solidarité et le partage font encore partie intégrale de la vie de tous les jours. Hélas, je me suis entièrement trompé. Et les expériences étaient tellement douloureuses, qu'il est difficile de ne pas arriver à la conclusion, que les sans-abri doivent se méfier de tous ceux, qui disent vouloir les aider et, s'ils n'apprennent pas à ne pas avoir confiance en ces gens, finissent toujours par souffrir, après avoir été abandonnés et trahis.
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Impressions d'une après-midi passée à Luxembourg-ville. L'un des désavantages de vivre dans cette ville, qui en dehors de la saison touristique n'est qu'un patelin comme tant d'autres, est que si l'on a besoin de quelque chose, il peut arriver de ne pas l'avoir, parce les deux seuls magasins, qui le vendent, sont soit fermés, soit en rupture de stock. Cela m'arrive assez fréquemment avec mes Agio, auxquels je tiens et alors je décide habituellement de prendre le bus pour aller me les procurer à Luxembourg-ville. Un endroit, où j'ai vécu durant plusieurs années, le temps, où je travaillais au Centre Informatique, après y avoir démissionné et aussi en tant que SDF. J'aimais bien cette ville, qui par son emplacement dans les rochers, les vestiges de la forteresse et plein d'autres aspects, est vraiment un très bel endroit. Et dans le temps, on pouvait y vivre tranquillement et en sécurité, rien de ces problèmes qui existent dans la plupart des capitales du monde. Cela a entièrement changé ces dernières années: Luxembourg-ville est devenue une grande poubelle puante, la manifestation la plus parlante du fait, que le pays, où je suis né, fait partie du passé et que dans ce qu'il est devenu, on ne peut qu'être content d'être un quinquagénaire, qui sera épargné de devoir être témoin de ce qu'il sera dans le futur.
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Des jeunes diplômés sans aucune éthique professionnelle? Dès mes débuts en tant que SDF, j'ai contesté la manière, dont le personnel des institutions sociales voit et traite leurs clients. Chaque fois, que je me plaignais du comportement des éducateurs au Foyer Ulysse auprès d'un copain, il me répétait: «Ce n'est pas un problème de la Caritas, mais de toute la société!» Sans aucun doute qu'il a eu raison. Avec les expériences, que j'ai faites avec les gens et en particulier avec les jeunes, il me semble qu'on ne peut arriver qu'à une seule conclusion: On ne peut pas attendre quelque chose de quelqu'un, chez qui ce quelque chose n'existe pas ou, du moins, n'a aucune signification réelle. Se laisser aller de tous les points de vue, faire du bruit et de la saleté, sans respecter les autres et leurs affaires, passer plein de temps à jouer au smartphone et ne faire que le stricte minimum au travail (vu en premier lieu comme une source de fric pour financer leur vie de luxe), ne pas vouloir prendre leur responsabilité, être persuadés de tout savoir et ne pas se mettre eux-mêmes et leurs directives professionnelles en question, être prêt à pratiquement tout pour faire partie "du groupe" ... bien-sûr ce n'est pas le cas de tous les jeunes, mais une attitude, qu'on observe chez une bonne partie d'entre eux et cela avec une tendance fortement croissante...
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«Je suis un immigré! J'ai des droits!» on les entend dire, encore et encore. C'est bien vrai, au Grand-duché de Luxembourg, ils en ont plein. Et ils le savent! Qu'il serait important qu'ils prennent en charge tout vendeur de drogue, voleur et autre criminel de là-bas, le directeur de la Caritas m'a dit. Et s'ils nous volent, ce serait parce qu'en voyant la richesse ici, ils voudraient avoir ces choses eux aussi, ils les a excusés pour m'avoir à plusieurs reprises enlevé mes affaires dans leurs centres de jour. Pas étonnant qu'il y en a de plus en plus, que les SDF locaux doivent rester devant la porte, parce que ceux qui vivent dans les logements payés par notre système social, ayant le privilège de ne jamais devoir travailler et cherchant un endroit pour prendre leur café ou faire des jeux de société (parfois aussi pour discuter leur commerce illégal ou faire du business, en sécurité devant les forces de l'ordre), occupent les places, qui étaient pour nous avant, ou encore restent dehors volontairement, car devant avoir peur d'être volés ou même tapés. «Si vous ne voulez pas être volés, personne ne vous dit que vous devez venir ici!», l'une de leurs éducatrices m'a dit. Ce qui, dans mes yeux, n'est autre chose qu'indirectement leur donner le droit de le faire et s'ils ont ce droit chez la Caritas, est-ce étonnant, qu'ils se le prennent dans la rue aussi...
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Un endroit idyllique, qui est très loin d'en être un! Au début, quand, fuyant les vols et agressions par des jeunes arabes à Luxembourg-ville, je suis venu ici, j'étais émerveillé. Tout semblait être différent: Des gens gentils et aimables, des jeunes polis qui respectaient mon squat, la possibilité de vivre ma vie au bord de la société tout en faisant partie d'elle, accepté dans ma différence, ayant enfin trouvé mon petit coin tranquille et en sécurité, où je pourrais entièrement me consacrer à mes articles sociaux et mes programmes informatiques. De toutes les erreurs, que j'ai faites dans ma vie, être venu ici est peut-être la plus fatale, car remarquant de plus en plus que les gens ici ne sont pas différents de ceux qui m'ont fait mal ailleurs, voyant ceux qui prêchent la haine prendre le dessus, devant avoir peur de perdre mon chez-moi, voire d'être agressé dans le but de me faire partir, c'est tout à ce que j'ai cru qui risque de s'écrouler: la confiance dans mon pays, ses citoyens et moi-même, la croyance à la dignité humaine et au respect, à la bonté au fond des êtres humains, à l'espoir et à un avenir pour moi, tous ceux de mon côté de la barrière, du Grand-duché de Luxembourg de demain.
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Quelques mètres carrés de respect - quelle illusion grotesque! «Crève, et tu auras ton petit coin dans ton pays!», le vendeur de drogues marocain m'avait dit chez la Caritas. Une phrase qu'on pourrait appeler typique dans ce Grand-duché de Luxembourg, où ceux qui sont allés travailler pour financer leur vie de ne rien faire (respectivement leur vie de criminels) doivent de plus en plus céder leurs places dans les centres sociaux à ceux, de qui on ne cesse de nous répéter qu'ils ont des droits et que nous devons les respecter. Mais ce n'est pas pour cette raison que j'ai cité cette phrase. En effet, ce que le monsieur arabe a dit, est bien vrai, bien réel, bien ma situation et celle de tous ceux qui n'ont jamais appris à ce défendre. Ce que je veux dire, c'est que n'importe où dans ce pays, où je cherche à trouver un refuge au calme et en sécurité, je ne le trouverai jamais. Juste une question de temps et ce sera comme à l'endroit d'où je me suis enfui: dérangé, emmerdé et chassé par des jeunes, ou bien terrorisé, volé et tapé par des immigrants.
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Les fêtes de fin d'année plein de regrets et de doutes. Quand le soleil est parti et quand on a de plus en plus de difficiles à croire qu'il sera de retour un jour, quand on reste abandonné dans le noir et le froid, vivre n'est plus guère autre chose que survivre, plus possible de s'imaginer le bonheur, plus possible de vraiment se réjouir ou éprouver de la satisfaction de ce qu'on fait, perdant confiance en soi-même et les autres, regrettant le temps, où elle était encore présente dans ma vie, regrettant de ne pas avoir profité alors pour partager quelques moments avec elle, doutant de toutes ces choses, dont j'étais sûr avant... Et les fêtes de fin d'année ne faisant que renforcer la tristesse et le désespoir. Pas étonnant donc que Noël et Nouvel An 2018 sont devenus parmi les moments les plus pénibles de ma vie.
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La solidarité est morte - vive la solidarité! «Des gens impolis, courant d'un shop à l'autre». C'est de cette manière qu'une jeune néerlandaise a une fois qualifié les gens d'ici. Cela fait des années, et si bien des choses ont changé depuis, ce n'est certainement pas que politesse, respect, compassion et sentiments humains auraient gagné des points. Si le temps durant lequel je dormais devant la bijouterie à la place d'Armes, je n'avais même pas besoin de faire la manche (car pouvant vivre de ce que les gens me donnaient spontanément en passant devant mon nid), actuellement il arrive fréquemment d'être assis avec mon gobelet durant une heure ou plus dans le froid et juste recevoir le fric nécessaire pour pouvoir acheter un café. «De plus en plus de gens vivant à la limite de la pauvreté, la solidarité va augmenter», un Français m'a dit il y a 2 ou 3 ans. «Pas au Luxembourg!», je lui ai répondu.
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Le respect des autres – des exemples diamétralement opposés. Je me demande souvent ce que pensent les touristes, venant de pays civilisés, quand ils visitent le Grand-duché de Luxembourg. Du bruit et de la musique partout, des jeunes du monde entier qui traînent dans la rue avec leurs bouteilles, souvent hurlant comme des dingues ou insultant les passants, des gens de tout âge et de toute situation sociale qui te bousculent sans dire pardon, des chauffeurs de bus qui, durant tout le trajet, causent dans leur GSM, des vendeurs et vendeuses dans les magasins et super-marchés qui ne disent ni bonjour, ni au-revoir, ni s’il-vous-plaît, ni merci. Cela me donne un peu l’impression que ces petits mots et le comportement qui y est associé, considérés comme normaux autrefois, ont été rangés dans une vieille boîte portant une étiquette qui indique que sont des choses démodées, obsolètes, pour lesquelles il n’y a pas de place dans cette société hyper-moderne du 21e siècle.
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Merci à tous les Pères et Mères Noël! Noël est loin d’être l’un de mes jours favoris. D’une part, c’est la fête par excellence où se
manifestent tous ces mensonges et faussetés de la société et des gens au Luxembourg, de l’autre, tous les magasins étant fermés, il même une corvée de trouver un
café pour tremper mes tartines. J’ai aussi un peu l’impression qu’il y a, durant cette période de fêtes de fin d’année, encore plus de gens que d’habitude qui,
passant devant mon gobelet de manche, éclatent de rire, se moquent de moi, font de sales blagues, comptent leurs billets ou éprouvent du plaisir de voir des
sans-abri assis dans le froid dans l’espoir d’avoir un peu de Noël pour eux-aussi.
Mais Noël , c’est aussi rencontrer des gens qui ont un grand cœur, peut-être le découvrant ou s’en rappelant justement durant cette période. J’ai eu pas mal de
visites dans «my home is my castle» ...
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